Mi-août, rendez-vous est donné au parc forestier de la Poudrerie, à Vaujours (93), terrain d’entraînement qu’Anaïs sillonne chaque jour de la semaine, parfois accompagnée des membres de son club de running, La Meute. Il s’agit, en cette fin d’été, de préparer le marathon de Berlin, qui se tient le 24 septembre. “Je vise un temps de 2h29 !“, confie-t-elle avec assurance. Soit 3 minutes de moins que sa performance à l’édition parisienne 2023, où elle se classe 1ʳᵉ française. “Ça paraît peu, mais c’est énorme à aller chercher ! Ce temps me placerait parmi les 3 meilleures du pays” … et à un souffle des chronos références pour les Jeux olympiques. Une situation rêvée, qui laisse toutefois Anaïs pensive : “Si on m’avait dit, 6 ans en arrière, que je parviendrais à ce niveau, je n’y aurais jamais cru.”
Le sport comme thérapie
Nous sommes en 2015, et le monde d’Anaïs s’écroule : elle est diagnostiquée d’un cancer du sein, à seulement 24 ans. “J’ai longtemps vécu dans le déni, me disant que ça allait passer” confesse-t-elle aujourd’hui. Poussée par son père Jean-Yves – aujourd’hui son entraîneur -, la runneuse utilise alors sa passion de toujours pour “garder la tête hors de l’eau“. Elle adapte ses entraînements en fonction des traitements et fait de la course son échappatoire.
“Courir devient le seul moment qui m’appartient, où j’ai l’impression d’être comme tout le monde.”
Anaïs poursuit son programme adapté pendant 5 ans, jusqu’à la rémission en 2020. “En un peu moins de deux ans, j’ai retrouvé le niveau que j’avais avant la maladie, glisse-t-elle dans un timide sourire. Je pense même être encore meilleure aujourd’hui.” Un parcours et une philosophie qui forcent l’admiration, et un nouveau statut décroché malgré elle, qu’elle utilise en tant que marraine de Casiopeea, association sport/santé avec laquelle elle rentre en contact en 2015.
Engagée, Anaïs continue d’accompagner ses bénéficiaires, pour rendre ce soutien qu’elle a pu recevoir, et sera de la marche de 42 km organisée dans la nuit du 7 au 8 octobre dans le cadre d’Octobre rose. “Je reçois des messages de personnes qui trouvent mon histoire inspirante, mais je ne me rends pas spécialement compte de ce statut, avoue-t-elle pudiquement. Je reste Anaïs, passionnée de course à pied, qui a envie de continuer sa vie comme avant.” Et de devenir la meilleure ? “Simplement meilleure qu’hier et moins forte que demain : continuer à progresser et surtout prendre du plaisir, c’est le plus important !”