Dark Matters, basée à Tigery, c’est 15 000 m² de studios high tech mis à disposition des productions. Fondée par Romain Cheminade en 2021, la société entend bien répondre à la demande galopante d’espaces de tournage tout en apportant les solutions technologiques adaptées à des pratiques en constante évolution. Coup de projecteur sur cette belle entreprise !
Au cœur d’une salle aux proportions démesurées, jalousement gardée par d’épaisses portes de 600 kg chacune – isolation acoustique oblige – une décapotable est garée face à un gigantesque mur de LED de 25m sur 6m. L’écran, reproduisant ce qui ressemble à une banlieue américaine baignée par les lumières du crépuscule, s’adapte en temps réel aux mouvements de la caméra, fixée à une grue mécanique. Sur le moniteur de retour, l’illusion est parfaite, les lumières de l’arrière-plan se reflétant sur la carrosserie de la voiture.
Situé au cœur d’un espace de 15 000 m², divisé en sept studios aux dimensions variées, dont un espace dédié à la motion capture, le Stage E représente un court, mais symbolique aperçu, de la magie opérée par Dark Matters. « Un tel studio permet de libérer la créativité », jure Romain Cheminade, son créateur et président. À la différence des studios équipés de fond bleu ou vert, « l’acteur sait précisément où se placer », et le retour caméra permet d’observer en temps réel un rendu proche du résultat final. Aussi, il évite les contraintes inhérentes aux tournages en extérieur, les aléas de la météo, les diverses autorisations ou encore les déplacements coûteux et énergivores des équipes.
Luc Besson chez Dark Matters
Ancien de la société Lux Machina, spécialisée dans les effets spéciaux avec à son tableau de chasse Top Gun : Maverick, The Mandalorian ou encore The Irishman, Romain Cheminade pointe la pandémie du Covid comme véritable point de départ de l’aventure Dark Matters. « La crise sanitaire a changé la création : se déplacer est devenu plus compliqué, et on est passé à un système de pari à un système de rentabilité, avec moins de prises de risques. » Conscient de ces problématiques, mais aussi du « décuplement du besoin de création de contenus et du changement des pratiques de tournage », impliquant un important besoin technologique, il fonde la société, accompagné du directeur financier Jean-Louis Eude et du directeur technique Yaniss Boulanouar, fin 2021 ; en France, « là où se trouvent les talents » en termes d’effets spéciaux notamment, au Parc des Vergers de Tigery, « ville nouvelle, accueillante », qui présente l’avantage de bénéficier d’infrastructures proches pouvant accueillir les équipes de tournage.
En un peu moins d’un an d’existence, le site, qui compte une trentaine d’employés permanents, a accueilli une demi-douzaine de productions – clip, jeu vidéo, film. Parmi elles, un certain DogMan, prochaine réalisation de Luc Besson, qui a tourné de février à juin dernier sur le site de Tigery accompagné de 120 chiens. De quoi, pour Dark Matters, bénéficier d’un « retour concret d’expérience », se réjouit Romain Cheminade. Et définitivement lancer l’aventure d’une boîte qui souhaite compter dans l’industrie.