Vous l’avez certainement vu lors de son passage à « Qui veut être mon associé ? » sur M6 le 7 février dernier ! La dirigeante de BeinK Dream, 29 ans, est parvenue, après un brillant pitch, à décrocher 500 000 € de l’une des membres du jury, Kelly Massol, contre 15 % de parts de son entreprise. Cette enveloppe valorise son entreprise à 3,3 millions d’euros ! Une surprise incroyable pour la start-uppeuse, motivée par l’engouement suscité par son innovation, elle qui ne demandait au départ que 200 000 € contre 12 % des parts.
Jeanne Le Peillet va donc pouvoir, grâce à cette levée de fonds, poursuivre le développement de sa toute jeune société implantée à Évry-Courcouronnes et incubée au SCAI (Sorbonne Center for Artificial Intelligence), spécialisé dans l’intelligence artificielle.
Une success story comme on les aime !
Que propose BeinK Dream ?
BeinK Dream crée un dialogue visuel dont l’humain reste le maître. L’appli permet de visualiser nos idées pour avancer dans nos réflexions. Nous développons nos propres modèles d’intelligence artificielle pour générer des images compréhensibles par tous à partir de simples brouillons. Mais ce n’est pas tout : ce visuel est créé dans un style graphique adapté au sujet et au public concerné. Ces images sont modifiables à l’infini, par un ou plusieurs utilisateurs simultanément. Notre but : que la réflexion se fasse à plusieurs pour faire avancer les échanges. Ce qui nous importe n’est pas l’obtention instantanée d’un résultat fini, mais tout ce qui se passe entre l’intention initiale de l’utilisateur et son cheminement itératif qui va le propulser vers de nouvelles idées, de nouvelles innovations !
À qui s’adresse BeinK Dream ?
Beink Dream est un outil numérique particulièrement adapté pour les départements Innovations et R&D des grands groupes. Il décuple la créativité et facilite la collaboration des équipes qui sont souvent implantées sur différents sites et s’expriment dans différentes langues.
« Nous sommes fiers de développer une IA 100 % française, serveurs compris, mais surtout éthique et frugale. »
BeinK Dream permet ainsi une compréhension instantanée entre les différentes parties prenantes d’un projet (prestataires, clients, managers, équipes de production, commerciaux…). Ce gain de temps et d’efficacité représente une réduction non négligeable des coûts de développement. Son interface est pensée pour être prise en main par n’importe qui en moins de 15 secondes. Elle favorise l’inclusivité technologique et offre à tous les mêmes chances de communication.
Vous faites partie des 2 % de femmes dans la DeepTech*, quel est votre parcours ?
Je suis issue d’une famille d’artistes. C’est à travers l’art que j’ai découvert les sciences, par le dessin, les musées, les photographies, les maquettes d’inventions… J’ai trouvé que les sciences étaient un milieu tellement créatif que j’ai poursuivi mon cursus dans ces domaines !
Je suis ingénieure en biotechnologies, diplômée de l’ENSAIA (École Nationale Supérieure en Agronomie et Industries Alimentaires) de Nancy et titulaire d’un doctorat en génétique obtenu à Sorbonne Université. Pendant ma thèse, j’ai intégré le dispositif PEPITE (Pôle Étudiant Pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreneuriat) de la Sorbonne. J’ai soutenu ma thèse la même année et obtenu un prêt d’honneur de 50 000 € par le Réseau Entreprendre Essonne. Il m’a permis de demander la Bourse French Tech Émergence, une subvention de 90 000 € de la part de BPI France dédiée aux start-ups DeepTech.
Parallèlement à mes études, et pendant plus de 10 ans, j’ai créé des visuels pour la communauté scientifique, pour des laboratoires, des universités et des entreprises. Sans visuel, nous ne pouvons pas publier, breveter, enseigner, obtenir des financements… Ma double expertise art/sciences facilitait les échanges. C’est ainsi que j’ai compris que le dessin était non seulement un puissant outil de communication, mais aussi un langage universel pour faire comprendre des idées et réfléchir. C’est en schématisant et en gribouillant qu’on se pose des questions. C’est en visualisant ce qu’on a en tête qu’on s’interroge autrement sur les choses. C’est alors que j’ai voulu aller plus loin : donner à tous ce double pouvoir du dessin.
L’idée de BeinK Dream a mûri en janvier 2021. À la fin de ma thèse, j’ai choisi de travailler sur mon projet à plein temps pour lui donner une chance d’exister. En avril 2023, j’étais enfin prête pour mettre sur pied ce projet. Je me suis donc appuyée sur la puissance d’analyse de l’intelligence artificielle générative, de cognition et de l’apprentissage machine.
Aujourd’hui, vous avez décroché de nombreux prix et concours…
La conquête des prix n’a pas été un choix, mais une nécessité. Je n’avais pas toutes les compétences techniques pour mener à bien ce projet, ni les ressources financières pour recruter. Pour obtenir toutes ces subventions, il a d’abord fallu que je mette au point un premier prototype. Ma seule ressource pour intéresser le plus grand nombre était de m’entourer des meilleurs et d’avoir quelques fonds nécessaires au lancement. J’ai donc fait connaître mon projet via les concours. Cette démarche a non seulement réussi, mais elle a surtout permis de faire grandir le projet en me nourrissant des retours de tous ! En presque 2 ans, c’est plus d’une quinzaine de prix et distinctions obtenues. Nous avons reçu notamment le label DeepTech de BPI France et le Prix Pépite des PEPITE en 2022.
Très récemment, j’ai été nominée parmi les « 101 Femmes de Matignon », un concours placé sous le haut patronage du Premier ministre et lauréate du « Parcours Femmes en Vue » de Vox Femina. Je suis engagée auprès des réseaux de femmes scientifiques : membre du réseau L-Impact (finaliste des L-impact Awards en 2022) et intervenante occasionnelle lors des événements du réseau Tech for Girls.
J’ai par ailleurs l’honneur d’être ambassadrice du Collectif Cap Créa de BPI France.
Qu’allez-vous faire de cette nouvelle levée de fonds ?
Elle va nous permettre de passer du prototype à une version commerciale construite à partir des retours enthousiastes et constructifs des services innovations et R&D des entreprises avec lesquelles nous échangeons. L’aventure continue !
* Deeptech est utilisé pour parler de projets portés par des entreprises ou des laboratoires de recherche ambitieux qui innovent en repoussant les frontières technologiques.