Aisance aquatique : tout le monde se jette à l’eau !
En plus des savoirs fondamentaux - lire, écrire, compter - inculqués par l’Éducation nationale, Grand Paris Sud se mobilise depuis plusieurs années pour apprendre aux enfants à nager, rouler à vélo et e-jouer. Avec l’aisance aquatique, c’est ce premier point que l’Agglo approfondit, par l’intermédiaire d’un enseignement innovant, développé depuis 2019 sur le territoire et qui rencontre un écho en France et à l’international.
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La noyade est la 1ʳᵉ cause de mortalité par accident de la vie courante chez les moins de 25 ans,
Grand Paris Sud compte 65 maîtres-nageurs encadrants et 10 instructeurs pour former à la démarche,
L’aisance aquatique se déroule sur 3 cycles, chacun divisé en 8 séances.
Nez pincés, lunettes de natation de travers et cris étouffés par l’eau du bassin : bienvenue à la piscine de l’Agora (Évry-Courcouronnes) où une trentaine de joyeux bambins est réunie pendant les vacances d’hiver pour ce qui s’apparente à un cours classique de natation.
Pourtant, aucune frite bariolée ne colore le bassin et nulle vocifération de maître-nageur zélé ne vient troubler le clapotis de l’eau. Ce sont ici des rangées de bonnets de bain bien ordonnées qui barbotent sous l’œil bienveillant et concentré d’instructeurs et encadrants. Là, on enchaîne les longueurs les mains bien accrochées au rebord ; plus loin, on tente l’immersion de la tête pour exorciser la « peur du remplissage », explicite Éric Poignant, chargé de développement sportif et pédagogique de Grand Paris Sud. Avant même l’initiation aux rudiments de la natation, l’aisance aquatique permet aux enfants de vivre une première expérience positive de l’eau et facilite leur adaptation en milieu aquatique.
Avec l’aisance aquatique, nous offrons à tous nos enfants, la capacité de se prémunir contre les risques de noyade, première cause de mortalité l’été en France, explique Marie-Line Pichery. L’enjeu, c’est de sauver des vies, d’éviter des drames et des familles brisées. Et c’est particulièrement vrai sur notre territoire où nous accompagnons des jeunes qui n’auraient sûrement jamais eu accès à ces apprentissages. – Marie-Line Pichery, vice-présidente en charge de l’inclusion républicaine, de l’éducation et de la politique de la ville
Les enfants, acteurs de leur réussite
La démarche, aux valeurs sociales et citoyennes, est accessible à tous et fait fi des déterminants sociaux. Inscrite dans un cadre national et impulsée par l’ancienne ministre des Sports Roxana Maracineanu en 2019, elle est une réponse à deux problématiques alarmantes : la noyade comme cause majeure de mortalité chez les moins de 25 ans et le fait que « seulement un enfant sur deux sait nager à la fin de la 6ᵉ », comme le constatait alors Éric Poignant, à l’époque responsable pédagogique à la piscine de Grigny. C’est dès cette période que l’Agglomération s’empare de cette nouvelle manière d’enseigner la natation, en rupture avec l’enseignement traditionnel, qu’elle expérimente et met en place sur son territoire.
Adaptée aux enfants de 4 à 6 ans, mais aussi à certaines situations de handicap physique et mental, l’aisance aquatique autorise à « reconstruire leur schéma corporel », de manière à les habituer aux nouvelles sensations et au fonctionnement de leur corps pour les mettre en confiance au sein de cet environnement. « L’élément clé, c’est comment se développe l’enfant, comment le mettre en sécurité dès le plus jeune âge, abonde Éric Poignant. Il s’agit de son temps et non celui de l’adulte, qui prend ici une position d’accompagnateur plus que de maître. L’enfant doit être acteur de son apprentissage et de sa propre réussite. »
Être à l’aise dans l’eau
L’aisance aquatique se déroule sur trois cycles de huit séances rapprochées, pour des groupes de niveau hétérogène, dans un bassin où les participants n’ont ni pied, ni aide à la flottaison.
1er cycle (3-4 ans) : rentrer seul dans l’eau, se déplacer en immersion complète, ressortir seul de l’eau ;
2ᵉ cycle (4-5 ans) : sauter dans l’eau en grande profondeur, se laisser remonter sans bouger, s’équilibrer de différentes manières et sortir seul de l’eau ;
3ᵉ cycle (5-6 ans) : rentrer dans l’eau la tête la première, nager une dizaine de mètres, s’équilibrer sur le dos et sortir seul de l’eau.
Adoptée au sein des établissements scolaires des villes de l’Agglomération, l’aisance aquatique s’ouvre également lors des vacances scolaires, avec des stages gratuits et ouverts à tous permettant de perfectionner l’apprentissage. Grand Paris Sud est ainsi devenue la première collectivité à proposer l’aisance aquatique dans une forme de continuité jusqu’au CM2.
J’ai fait partie de la première expérimentation, en 2019. En une semaine d’aisance aquatique, on remarque une progression impressionnante, de l’entrée dans l’eau à la nage. Cette méthode est très bonne, pas parfaite, mais évolutive, elle se perfectionne encore. Nous avons beaucoup de retours très positifs des parents et des professeurs, souvent impressionnés par les évolutions observées. – Thomas, maître-nageur à la piscine de Combs-la-Ville et encadrant d’aisance aquatique
L’aisance aquatique, une démarche inspirante
L’aisance aquatique commence peu à peu se développer et s’étendre. Nationalement tout d’abord, où Grand Paris Sud, qui fait référence dans la démarche avec ses onze instructeurs et sa soixantaine de maîtres-nageurs formés, fait profiter de son expertise façonnée depuis trois ans. Le dispositif a également voyagé hors de France : par l’intermédiaire de sa coopération avec Dakar, l’Agglomération a pu présenter la démarche au Sénégal et en faire la promotion.
C’est aussi l’occasion pour les enfants, tout en vivant une expérience citoyenne dans nos piscines, de découvrir ces équipements où certains ne sont jamais allés, complète Yann Pétel. À Grand Paris Sud, le service public d’apprentissage est au cœur du projet sportif. Et l’aisance aquatique constitue une première étape vers une pratique régulière, garante d’une santé préservée. – Yann Pétel, vice-président en charge des sports et de l’événementiel sportif
Un livret pour les grenouilles Engagée dans la natation scolaire, Grand Paris Sud a conçu, avec les académies de Versailles et de Créteil, « Mon livret de natation à l’école », distribué à l’ensemble des élèves, de la grande section de maternelle jusqu’au CM2, scolarisés sur le territoire. Le document permet aux enfants de s’autoévaluer et aux enseignants de se familiariser avec cette démarche.